lundi 15 juillet 2013

Je ne savais pas qu’il fallait m'exterminer comme Amalék et m'envoyer en enfer parce que je porte une kippa tricotée

Je m’appelle "Levy" - vous savez, comme "Cohen" - ce qui ne laisse aucune part d'ambiguïté quant à ma Confession, et je porte une kippa Srouga, autrement dit une calotte tricotée. 

Mon choix de porter une Kippa Srouga n’est pas dû à des considérations esthétiques: joliment colorée, faite main... mais à des considérations idéologiques. En effet, pour ceux qui ne le sauraient pas, le choix de porter telle ou telle kippa est hautement symbolique car elle vous situe immédiatement dans un groupe social qui partage - plus ou moins - les mêmes convictions. En gros les K.S ou Kippot Srougot s’identifient au courant des Sionistes religieux, dont le fer de lance aux dernières élections a été le parti créé par Naphtali Bennet, Ha Baït Hayéhoudi, pour lequel j’ai évidemment voté. Jusque là je portais - pas en permanence, je l’avoue - cette Kippa sans honte et sans reproche jusqu’à ….. ce matin où j’ai pris connaissance  d’une discours (en hébreu, une Drasha) prononcé par un rabbin fort érudit : le Rav Shalom Cohen, Rosh Yéshiva de la prestigieuse Institution sépharade Porat Yosef et membre du prestigieux Conseil des Sages qui entoure le Rav Ovasia Yosef.

Pour vous commenter sa drasha il faut revenir aux fondamentaux, autrement dit au passage de la Torah sur laquelle s’appuie le Rav. Il s’agit d’un passage du Livre de l’Exode, Chemot 17 : 16, qui traite d’Amalék ; vous savez cet irréductible ennemi d’Israël qui apparaît à chaque génération et qu’il faut combattre sans relâche jusqu’à ce que son souvenir même s’efface de la mémoire collective. Il y est écrit « la main sur le trône de l’Eternel, guerre à Amalék par Hashém de génération en génération ». Jusque là il n’y a pas de scoop jusqu’à ce que le Rav Shalom Cohen nous éclaire sur les initiales du mot trône, soit KéS en hébreu : K.S . Vous avez saisi: K.S comme Kippot Srougot. Et rav Cohen de rapporter  les paroles des sages qui disent "que le trône de l’Eternel n’est pas entier tant qu’il y a encore Amalék ; or KéS c’est la Kippa Srouga. Donc, tant qu’il y a Kippa Srouga, le trône n’est pas entier puisque il s'agit d'Amalék. Quant le trône sera-t-il entier ? Quand il n’y aura plus de Kippa Srouga » et il termine par : « c’est des Juifs ça ? » Conséquence logique : les porteurs de calottes tricotées sont assimilés à Amalék et il y a donc lieu de s’en débarrasser. Par conséquent, je représente un obstacle à la complétude du trône divin, puisque je porte une Kippa Srouga. CQFD

Vous me direz ce n’est pas grave, Rav Cohen a dit ça juste avant les élections au poste de Grand Rabbin d’Israël et puis, il est revenu sur ses dires qui ne d’adresseraient qu’aux dirigeants du Baït Hayéhoudi, lire Naphtali Bennet et ses compères ; ce qui n’a pas été au goût de ces derniers. Naphtali a même jugé bon de préciser que les garçons qui portent les calottes tricotés sont ceux-là mêmes qui défendent le pays - le Rav Shalom Cohen compris - au risque de leur vie.

Pour ma part, bien que je ne sois ni Rav, ni Rosh Yéshiva, ni érudit, j’aurais une autre interprétation du passage biblique en question, beaucoup plus simple : celui qui porte la main sur le Trône divin, autrement dit Amalék, aura droit à la guerre. Or, Trône = KéS = Kippot Srougot = les soldats de Tsahal qui portent des calottes tricotées = ceux qui portent la guerre à Amalék.

 Faites votre choix !!

Quant à la volte face du rav Cohen, elle n’est pas acceptable, car j’ai vu sa figure pendant qu’il prononçait cette Drasha et le fin sourire qu’il a esquissé en livrant ce scoop. Précisons que le rav Ovadia Yosef était assis à sa gauche.

J’en tire quatre conclusions 

Un : Triturer la Torah dans tous les sens pour démontrer tout et surtout n’importe quoi, est-ce là le Kavod (respect) que l’on doit à la Torah ?

Deux : on dit que Derekh Eretz, le savoir vivre et le savoir être avec ses semblables, a précédé la Torah. Traiter tout un pan de la société israélienne d’Amalék, soit la plus grande injure que l’on puisse faire à un Juif, peut-il être considéré comme du Derekh Eretz ? N'est-ce pas plutôt un manque de sensibilité élementaire ?

Trois : Il est indispensable d’apprendre l’hébreu, tant courant que toraïque, pour ne pas se faire balader par des soi-disant rabbins qui vous snobent en jouant sur les mots et les interprétations.

Quatre : portez une Kippa tricotée et ne votez pas pour Chass mais pour Habaït Hayéhoudi


Dernière minute : nouvelle drasha du Rav Shalom Cohen qui m’annonce que si on ne parvient pas à m’exterminer comme Amalék, alors mon lot sera de brûler en enfer – le Géhenne plus précisément -  comme tous ceux qui ont voté pour Habaït Hayéhoudi. Ignoble !!!! 

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