On connait depuis plus
de mille ans l’existence d’une
communauté juive dans la ville de Kaïfeng. On admet généralement que les Juifs de Kaifeng seraient arrivés par la route de la soie, venant de Perse ou d’Inde, en passant par l’Afghanistan. Ils se seraient
alors installés à Kaïfeng, capitale de la dynastie Song qui régnait alors sur l’Empire du milieu. Au
temps de sa splendeur la communauté compta jusqu’à 5000 âmes avec une synagogue,
un rabbi, des institutions juives et un cimetière. Ils vécurent dans l’isolement le
plus total, cultivant un judaïsme particulier, hors de l’influence des Rabbins
d’Occident et fortement empreint de Confucianisme. Au XVIe siècle d’ailleurs, un des membres de
la Communauté de Kaifeng, n’ayant jamais entendu parler du Christianisme, entra
en contact avec le père jésuite Matteo Ricci qu’il prenait pour un
coreligionnaire; ayant cru que la Vierge à l’enfant qui trônait dans le bureau
du Père Jésuite représentait Rebecca portant Jacob, et lui proposa le plus sérieusement du monde
de devenir le rabbin de leur synagogue. Grâce à Ricci L’Occident découvre
l’existence de Juifs en Chine. Après la
destruction de leur dernière synagogue en 1850, la communauté juive chinoise de
Kaïfeng se délite et disparaît en tant
que communauté organisée.
Or voici que Tzuri
Heng Shi, un membre de la communauté qui est officiellement retourné au Judaïsme et vit en Israël,
revient à Kaïfeng pour y célébrer le
Sédér de Pessa’h. Ce n’est pas une mince affaire : des Aggadot (récit de la sortie d’Egypte) en hébreu et en
chinois, des Matsot (pain azyme) et toute la nourriture casher de Pessa’h ont
été envoyées d’Israël pour l’occasion. Le
seder devrait attirer plus de 100 personnes de la communauté , selon Shavei Israël , une organisation qui travaille avec des groupes de «juifs cachés » de
partout dans le monde et parraine l'événement.
Bien qu’au fil des temps, des conversions au Christianisme
et à L’islam ont affaibli la communauté, des descendants de familles juives
identifiables par leurs patronymes ont conservé une certaine identité et des
coutumes juives. Grâce au miracle de l’Internet
- qui n'a été inventé que pour l’occasion - des membres de la communauté se sont
enquis d’Israël et du judaïsme traditionnel, et voici que l’un des leurs qui a
passé tout le processus de conversion traditionnel en Israël célèbrera le Sédér
en compagnie de plus de 100 Kaïfengais.
L’année prochaine à Jérusalem, quoiqu’une communauté juive
organisée en Chine aura son rôle à jouer. Merci à Gaby qui m’a signalé cet article sur ce qu'il appelle les « Confujews », connaissant mon intérêt pour les similitudes entre Confucianisme et Judaïsme.
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