jeudi 7 mars 2013

Le Shin Beth sur Arte, Gatekeepers, plutôt Gatefuckers


Mon ami, le Rabbin des Bois, a beaucoup insisté pour que je regarde le documentaire passé sur Arte sur le Shin Beth dénommé The Gatekeepers. Je l’ai fait pour pouvoir en discuter avec lui, et j’en profite pour vous livrer mes remarques.

Manifestement la déontologie du silence que s’impose le Mossad ne s’applique pas au Shin Beth. Jamais, au grand jamais, un documentaire de ce genre n’aurait été possible avec les anciens patrons du Mossad. Décidément, les Juifs aiment beaucoup parler et, lorsqu’il y a une caméra qui les filme, ils ne se tiennent plus. Il est urgent que la règle du silence en vigueur au Mossad et chez Tsahal (du moins dans certaines unités importantes) s’applique aux anciens du Shin Beth ; quitte à faire voter une loi en ce sens.

Tous les patrons du Shin Beth qui se sont exprimés sont des gens de Gauche, ou, en tout état de cause, ne sont clairement pas de Droite, et moins encore des Juifs religieux ou qui appartiennent à la mouvance des religieux sionistes. Il est clair que pour eux le véritable ennemi est celui de l’intérieur : «c’est la faute aux rabbins» dit l’un d’entre eux; et l’autre de s’extasier devant la clairvoyance de Yeshayahu Leibowitz, le grand penseur qui soutient mordicus que les juifs ne peuvent en aucune façon se baser sur le Tanakh (tout l’Ancien Testament) pour justifier de leurs droits sur la terre d’Israël.

Dror Moreh, le journaliste réalisateur et coproducteur du film est connu pour ne pas porter Bibi Netanyahou dans son cœur. Ami Ayalon, qui a convaincu ses cinq autres collègues de participer à ce documentaire est connu pour ses sympathies à la cause palestinienne. Il a notamment créé avec le professeur Sari Nusseibeh l’association "The People's Voice", dont la finalité est la création d’un  Etat palestinien (sans droit de retour des réfugiés palestiniens, heureusement). Enfin, c’est Arte, bien connu pour porter Israël en son cœur, qui a diffusé ce documentaire. J’ignore à ce jour d’où provient le financement, mais cela se saura vite.

Pour un Israélien un tant soi peu informé, il n’y a aucun scoop dans ce film - donc pas de divulgation de secrets défense -  il n’en va pas de même pour le spectateur lambda, qui, grâce au dosage subtil entre images d’archive et interviews, arrive à une détestation totale des Israéliens et d’Israël, s’il ne l’a pas encore atteinte. Comme me l’a dit le Rabbin des Bois, je le cite : « l’Emir du Qatar aurait déboursé facilement 50 millions d’Euros pour réaliser un tel documentaire ». Quelle économie lui a fait réaliser Dror Moreh !!

Enfin, je n’arrive pas à réaliser comment des responsables sécuritaires de cet acabit n’ont pas mesuré la portée dévastatrice de ce documentaire, qui, après la France et l’Allemagne, va faire le tour du monde. N’ont-ils pas réalisé les dommages que va créer ce film ? Pour la plupart d’entre eux, ils ont des comptes à régler avec les responsables politiques ; soit parce qu’ils ont été virés, soit parce qu’ils les accusent de courte vue. De là, à régler leurs comptes sur le petit et le grand écran, il y a des bornes à ne pas franchir. Donc, malgré leurs brillants résultats dans la prévention d’attentats et leur magnifique carrière militaire, j’ai tendance, après avoir regardé attentivement ce documentaire, de les qualifier, non pas de Gateskeepers, mais de Gatefuckers.

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