Cet Essai, à paraître traite des troublantes similitudes qui existent entre
le Judaïsme et les sagesses extrême-orientales. Je vous livre en avant première
dans cet article une partie de l’introduction qui vous donnera envie de lire le livre
En -722, selon la chronologie classique, les Dix Tribus d’Israël, sous le
règne d’Ezékias sont conquises puis exilées par le roi perse Salmanazar V ;
le royaume d’Israël n’aura duré que 209 ans. Les Dix Tribus qui auraient démérité en se livrant, entre autres, à l’idolâtrie furent d’après les Sages exilés au quatre angles de la terre.Le Maharal de Prague rapporte
l’opinion selon laquelle les Dix Tribus se sont assimilées aux Nations de telle
façon qu’il n’était alors plus possible de repérer leur origine hébraïque. Si
leur trace se perd dans la nuit des temps, leur influence sur les peuples qui
les accueillent n’en est pas moins probable. Il est en effet difficile
d’imaginer qu'autant d’individus n’aient pas continué à perpétrer certaines traditions mosaïques
acquises durant des millénaires, donc influencé peu ou prou, les peuplades dans lesquelles elles se sont
assimilées.
Condamnés à errer jusqu’aux « quatre
angles de la terre », comme nous
dit la Torah, il est vraisemblable qu’une partie de ces exilés se soient
retrouvés dans la partie la plus orientales de la terre occupée ; à savoir
au Japon, qui, de par sa position géographique, constitue un excellent angle.
La recherche des Tribus perdues n’est pas
simplement un mythe ; pour l’Etat d’Israël et pour les descendants des
tribus perdues il est devenu une réalité tangible. C’est ainsi que les Falashas
d'Éthiopie ont pu obtenir d'être reconnu comme juifs, et ainsi immigrer en
Israël à partir de 1973 grâce à leur reconnaissance comme descendants de la
tribu perdue de Dan par le grand rabbin sépharade d'Israël, Ovadia Yossef, en
1973. En 2005, le grand rabbin séfarade d'Israël, Rabbi Shlomo Amar a
formellement identifié le Bnei Menashe en tant que descendants d'Israël,
confirmant leur revendication à une ascendance juive. Les Bnei Menashe, une
population d'apparence asiatique vivaient sur la frontière Birmane, dans le
Nord-Est de l'Inde, et affirmaient depuis les années 1950 descendre de la tribu
de Manassé, laquelle serait venu trouver refuge au fonds de l'Asie. 100.000
d'entre eux vivent depuis 2006 en Israël, officiellement convertis.
Quand
les Dix tribus furent déportées, Dieu décida
de les faire passer au-delà d’un fleuve mythique que l’on nomme le Sambation.
Malgré de nombreuses spéculations, nul ne sait où se trouve ce fleuve ; la
seule certitude est qu’il est situé à l’Orient d’Israël. Par contre on sait
avec précision quelles sont ses particularités : Il est infranchissable.
En semaine il est particulièrement tumultueux et bruyant, charrie du sable et
des pierres, certains disent du feu, et il se repose le Chabbat. Ce jour là, il
est bien entendu défendu de le franchir, et pour plus de sécurité, de gardes
armés sont postés afin de dissuader les mécréants.A
quoi sert ce fleuve ? Les plus pieux d’entre nous diraient à ne pas
transgresser le Shabbat ; d’ailleurs certains appellent le fleuve Sabation
et non Sambation. D’autres soutiennent que si les Juifs ont été exilés par Dieu
au-delà de ce fleuve, c’est pour les empêcher de revenir dans leur patrie
d’origine. On peut également avancer une troisième explication : s’il
était impossible au Hébreux de traverser le Sambation à pied sec en direction
de l’ouest, rien ne les empêchait d’explorer les territoires situés à l’est de
ce fleuve. Les explorer, s’inspirer de leurs traditions et leur communiquer les
leurs. Les Hébreux, empêchés de retourner dans leur pays ont vraisemblablement
laissé leur trace dans ce territoire immense et infranchissable situé à l’est
du Sambation, jusqu’aux confins de la terre. Fidèle à la promesse des Anciens,
ils avaient accepté l’évidence que seul le Saint-Béni-soit-Il pourra les faire
revenir sur leur terre sur les ailes d’un aigle - voire un Dakota ou un Boeing
– quand ces machines existeront et quand Il le jugera utile et nécessaire.
Une
des plus anciennes tentatives de
localisation du Sambation est fournie au VIII e siècle par un érudit
musulman Muqatil bin Sulayman (767 CE) qui situe le peuple de Moïse au-delà
d’une rivière de sable située en Chine, et certains hadiths du Coran nous
expliquent que ces Hébreux ont creusé un tunnel entre le Mont du temple et la
Chine, pour déboucher dans un lieu où
ils pouvaient pratiquer leur foi en toute quiétude. Aujourd’hui, on peut traverser
à gué le Sambation, les Dix Tribus, pas si perdues que ça, reviennent
progressivement sur leur terre.
Dans quelle mesure les tribus d’Israël
exilées au-delà du fleuve Sambation ont-elles imprimé leur marque
les civilisations dans lesquelles elles ont vécues ? Dans quelle mesure les caravanes en partance du
Moyen-Orient et se dirigeant vers l’Orient extrême ont-elles transporté et semé
en route les coutumes et religions en vigueur en Canaan, Mésopotamie et Babylone,
dans les contrées où le soleil se lève ? Nul ne peut y répondre.
Existe-t-il une tradition ancestrale qui remonte à l’origine des jours, à la
dispersion de la Tour de Babel, ou consécutive au déluge de Noé, évoqué
également l’Epopée de Gilgamesh, mais elle est à coup sûr beaucoup plus
ancienne. Elle semble s’inspirer, dans son récit du déluge, du mythe babylonien
d’Atrahasis ? Mystère.
Par contre, une chose est certaine : on
constate des similitudes troublantes entre les textes hébreux, fondateurs du
Judaïsme rabbinique, de la Kabbale et de
l’éthique juive, et les religions, philosophies et morales extrême-orientales.
Le polythéisme n’a pas toujours caractérisé l’Hindouisme et le Shintoïsme, et,
il est relativement aisé de démontrer qu’à l’origine, ces religions
s’inspiraient du Dieu Un et que des Commandements positifs juifs tels que le
port des téfilin et des tsitsit, sous
une forme abâtardie, sont encore en usage dans les pays du Soleil
levant. Si la religion mosaïque a marqué de façon indélébile l’Occident, à
travers les deux branches principales qui en sont issus, à savoir le
Christianisme et le Judaïsme, on a coutume de prétendre que son influence sur
les cultures et les religions extrême-orientales est inexistante. Nous tenterons de démontrer qu’il n’en est
rien.
Nous avons choisi de nous attacher plus
particulièrement dans cet essai aux
parallèles entre l’éthique confucéenne et la morale juive. Dans sa préface à sa
nouvelle édition des Analectes de Confucius, Lin Yutang, un
prestigieux écrivain Chinois, écrit en 1938 : « le corps de la pensée
confucéenne est celle qui ressemble le plus
aux Lois de Moïse et il est plus aisé de comparer l’enseignement de
Confucius à celui de Moïse qu’à tout autre penseur ou philosophe. Le Li de Confucius, comme la
Loi de Moïse couvre aussi bien des lois religieuses que des lois de la vie
civile. La religion du Li comme le Judaïsme, traite aussi bien du culte que la vie quotidienne jusqu’à descendre dans les détails dans ce qu’il convient de boire et de manger »
Le Li,
souvent traduit par bienséance, respect, courtoisie, rituel ou norme idéale de
conduite, n’a à priori rien de
religieux. Pour un esprit occidental, c’est un mode de comportement souhaitable
afin que les individus puissent se supporter les uns les autres. De quelle
religion s’agirait-il alors, quel rôle occuperait Confucius dans la chaîne de transmission et pourquoi comparer
l’enseignement de Confucius à celui de Moïse ?
Les audacieux qui aimeraient en savoir
d’avantage sur les voies du Ciel, le Maître répond sèchement par une question, digne d’un Rabbi hassidique
: « As-tu bien compris la terre et les hommes pour vouloir comprendre le Ciel
?». Cela signifie, il me semble, qu’il y a bien quelque chose à comprendre mais
que ces choses n’ont été révélées qu’à
un seul homme, instrument du Ciel, qui s’en sert comme une cloche à battant de
bois, pour avertir et éduquer le peuple. Maitre Kong filtre, tamise le Ciel,
pour ne laisser passer que le stricte nécessaire, qui pourra être compris par
les hommes : les règles du vivre-ensemble.
C’est un peu comme si Moïse avait fait un tri parmi les Commandements
et livré ce qu’il estimait utilisable et nécessaire pour son peuple ; gardant
par devers lui les mystères d’En-Haut.
Maître Kong « refusait de parler des esprits ou de la mort »; preuve,
s’il en est, qu’il était bien informé. Aussi se contenta t-il d’enseigner les
règles de vie, ou la voie de la terre,
que l’on nomme en hébreu derekh ahayim ou
haaretz. Les Rabbins nous enseignent que ces voies de la terre
ont précédé la Torah, elles constitueraient donc un socle universel de la vie
en société.
Selon Confucius et les cabalistes juifs, et
tout particulièrement le Ari et ses disciples de Safed, le Tsimtsum, soit une forme de contraction
ou de dissimulation de la Lumière divine,
permet à la Création de prendre place,
et aux hommes de se produire sur la scène de l’histoire, bénéficiant, ou
subissant l’absence de dieu. La tâche de l’homme juif consiste à récupérer les
étincelles divines là où elles se trouvent ; celle du Chinois de marcher dans
la voie tracée par Confucius, sans se poser des questions auxquelles il n’a pas
le moyen de répondre.
La grande différence entre le Judaïsme et le
Confucianisme, mais aussi avec le Catholicisme et l’Islam est que le dieu
d’Israël a conclu son alliance et transmis son enseignement, non pas à un homme
mais à un peuple. Le dieu des Juifs est auteur mais aussi acteur dans
l’histoire humaine, et le peuple juif est le seul parmi les peuples qui ne
s’est pas constitué sur sa terre mais dans l’esclavage d’Egypte ; il n’est
vraiment pas possible d’en faire l’impasse. Mahomet, Jésus et n’en déplaise
aussi, Confucius, tamisent et transmettent le divin et Ses exigences ; avec
insistance pour les deux premiers, dans la plus grande discrétion pour Maître
Kong.
Mais lorsqu’il s’agit de reprendre ce qu’en
hébreu on appelle mitsvot ben Adam
léhavéro ; soit le comportement souhaitable entre l’homme et son prochain,
Confucius reprend, quelquefois à l’identique, l’enseignement des rabbins à
travers les âges.
Les Pirquei
Avot, soit, les Maximes des Pères,
est le seul traité talmudique qui traite de ces règles, n’élaguant pas Dieu
mais le reléguant au second plan. Il
ferait, selon certains, partie d’un long traité qui se serait perdu ou qui a
été volontairement shunté par les Rabbins, qui, voyant poindre l’exil, ont considéré qu’il y avait des
choses plus importantes à transmettre aux juifs en Galout15 que les règles de bienséance.
Comment est-il possible qu’un érudit Chinois
qui a vécu cinq siècles avant l’ère ordinaire nous parle comme rabbi Hillel16
ou le Roi David dans ses Psaumes ? C’est aussi à cette question que cet essai
s’efforce de répondre.