lundi 9 décembre 2013

Guerres de sécession en Israël : Les Bédouins dans le Néguev, les Arabes dans le Galil et les Harédim un peu partout

J’ai employé à dessein le pluriel en évoquant le mot de « sécession », dans la mesure où les mouvements séparatistes qui se dessinent aujourd’hui en Israël sont d’origines diverses et je ne distingue pas ce qui pourrait unifier ces trois populations distinctes, dans une guerre de sécession commune, si ce n’est leur refus de faire partie d’un Etat de droit qui, par définition, impose à tous ses citoyens ses lois et ses règles, des droits mais aussi des devoirs. Je distingue par contre fort clairement ce qui pousse chacune des trois entités à vouloir se créer des zones d’autonomie.

il ne s’agit pas encore de guerre mais d’actions larvées d’occupation du sol ou de zones d’habitation suivies par de mouvements d’inertie qui consistent à occuper des zones géographiques clairement définies à l’intérieur desquelles ceux qui souhaitent en faire partie, doivent se conformer aux règles édictées par la communauté et ceux qui refusent de se conformer à ces règles, doivent partir. S’ils refusent de partir, la Communauté en question s’arroge le droit de leur infliger des tracas de plus en plus sévères jusqu’à ce qu’ils n’aient pas d’autres choix que de vider les lieux et de quitter la zone d’autonomie nouvellement érigée.
Les Bédouins dans le Néguev qui représentent 2 % de la population israélienne occupent plus de 10 % du sol, les Arabes dans la moyenne Galilée sont depuis longtemps largement majoritaires et les Harédim après s’être approprié des quartiers entiers sont en train de s’approprier des villes.

Ces zones sécessionaires ont une conséquence économique et démographique : si un village arabe du Galil  ou une implantation bédouine dans le Néguev étend ses terres et/ou ses habitations dans telle direction, le prix des terrains limitrophes baisse, ce qui permet par voie de conséquence aux Arabes et/ou aux Bédouins de s’approprier les terrains à vil prix (ou même sans débourser un shekel), puisque les Israéliens ne veulent plus y habiter. Quand les Harédim s’implantent par exemple en masse à Kiryat Yovel à Jérusalem, ou à Arad, les Israéliens à kippa tricotée ou, sans kippa du tout, quittent le quartier, ce qui fait baisser automatiquement  le prix des appartements, qui, bien entendu, sont achetés par d’autres Harédim. Ces aspects économiques sont accompagnés par des mesures de coercition de la part de la population dominante qui obligent tous ceux qui ne partagent pas son mode de vie ou, sa vision du monde, pour faire plus poétique, d’adopter ses règles : ainsi, les jeunes filles sont obligées à s’asseoir à l’arrière du bus occupé par les Harédim ou de marcher sur le trottoir qui leur est réservé, sans oublier les dérapages verbaux, voire physiques. Quant aux villages arabes ou aux bidonvilles bédouins, les Israéliens ne s’en approchent pas, si ce n’est pour se plaindre du chant du muezzin qui les empêche de se concentrer.

L’objectif de ces trois groupes, comportant chacune une population homogène, est de faire sécession avec l’Etat d’Israël pour s’affirmer en tant qu’entité distincte avec ses règles, ses lois et son drapeau. Leurs armes communes : un acharnement farouche à ne pas vider les lieux une fois qu’ils s’y sont implantés et un taux de natalité hors du commun avec le reste de la population israélienne.

Bien sûr, il existe des exceptions : des jeunes Bédouins qui servent dans l’armée, des Arabes israéliens bien intégrés professionnellement dans la vie israélienne, des Harédim qui rejoignent Tsahal et  qui acquièrent un métier. Mes ces exceptions sont là pour confirmer la règle et souligner la volonté sécessionniste de la grande majorité de ces trois groupes.
La conséquence de cet état de fait est que, sur le minuscule territoire de l’Etat d’Israël, qui s’étend sur 20.000 km² théoriques, à l’intérieur de la Ligne Verte ou sur la ligne de partage, seule une petite bande côtière, parsemée de poches tenues par les Harédim, compose l’Etat voulu par Herzl et Ben Gourion

Il est clair que les revendications sécessionnistes de ces groupes iront en s’intensifiant avec des conséquences prévisibles. Le Gouvernement a beau tenter de stabiliser les Bédouins dans le Néguev et de promouvoir des zones d’implantation juives dans le Galil et le Néguev, à grand coups de subventions et autres avantages aux Israéliens qui voudraient s’y installer, cela ne renversera pas la tendance.

Que faire ? Vous avez certainement une idée sur la question

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 Et si on profitait de cette accalmie de roquettes pour parler des Harédim. Pardon, de certaines mouvances hassidiques, pour qui, la néglige...