J’ai employé à dessein le pluriel en évoquant le mot de
« sécession », dans la mesure où les mouvements séparatistes qui se
dessinent aujourd’hui en Israël sont d’origines diverses et je ne distingue pas
ce qui pourrait unifier ces trois populations distinctes, dans une guerre de
sécession commune, si ce n’est leur refus de faire partie d’un Etat de droit
qui, par définition, impose à tous ses citoyens ses lois et ses règles, des
droits mais aussi des devoirs. Je distingue par contre fort clairement ce qui
pousse chacune des trois entités à vouloir se créer des zones d’autonomie.
il ne s’agit pas encore de guerre mais d’actions larvées
d’occupation du sol ou de zones d’habitation suivies par de mouvements d’inertie
qui consistent à occuper des zones géographiques clairement définies à
l’intérieur desquelles ceux qui souhaitent en faire partie, doivent se
conformer aux règles édictées par la communauté et ceux qui refusent de se
conformer à ces règles, doivent partir. S’ils refusent de partir, la Communauté
en question s’arroge le droit de leur infliger des tracas de plus en plus
sévères jusqu’à ce qu’ils n’aient pas d’autres choix que de vider les lieux et
de quitter la zone d’autonomie nouvellement érigée.
Les Bédouins dans le Néguev qui représentent 2 % de la
population israélienne occupent plus de 10 % du sol, les Arabes dans la moyenne
Galilée sont depuis longtemps largement majoritaires et les Harédim après
s’être approprié des quartiers entiers sont en train de s’approprier des
villes.
Ces zones sécessionaires ont une conséquence économique et
démographique : si un village arabe du Galil ou une implantation bédouine dans le Néguev étend
ses terres et/ou ses habitations dans telle direction, le prix des terrains
limitrophes baisse, ce qui permet par voie de conséquence aux Arabes et/ou aux
Bédouins de s’approprier les terrains à vil prix (ou même sans débourser un shekel),
puisque les Israéliens ne veulent plus y habiter. Quand les Harédim
s’implantent par exemple en masse à Kiryat Yovel à Jérusalem, ou à Arad, les Israéliens à
kippa tricotée ou, sans kippa du tout, quittent le quartier, ce qui fait
baisser automatiquement le prix des
appartements, qui, bien entendu, sont achetés par d’autres Harédim. Ces aspects
économiques sont accompagnés par des mesures de coercition de la part de la
population dominante qui obligent tous ceux qui ne partagent pas son mode de vie
ou, sa vision du monde, pour faire plus poétique, d’adopter ses règles :
ainsi, les jeunes filles sont obligées à s’asseoir à l’arrière du bus occupé
par les Harédim ou de marcher sur le trottoir qui leur est réservé, sans
oublier les dérapages verbaux, voire physiques. Quant aux villages arabes ou
aux bidonvilles bédouins, les Israéliens ne s’en approchent pas, si ce n’est
pour se plaindre du chant du muezzin qui les empêche de se concentrer.
L’objectif de ces trois groupes, comportant chacune une
population homogène, est de faire sécession avec l’Etat d’Israël pour s’affirmer
en tant qu’entité distincte avec ses règles, ses lois et son drapeau. Leurs
armes communes : un acharnement farouche à ne pas vider les lieux une fois
qu’ils s’y sont implantés et un taux de natalité hors du commun avec le reste
de la population israélienne.
Bien sûr, il existe des exceptions : des jeunes
Bédouins qui servent dans l’armée, des Arabes israéliens bien intégrés
professionnellement dans la vie israélienne, des Harédim qui rejoignent Tsahal
et qui acquièrent un métier. Mes ces
exceptions sont là pour confirmer la règle et souligner la volonté sécessionniste
de la grande majorité de ces trois groupes.
La conséquence de cet état de fait est que, sur le minuscule
territoire de l’Etat d’Israël, qui s’étend sur 20.000 km² théoriques, à
l’intérieur de la Ligne Verte ou sur la ligne de partage, seule une petite
bande côtière, parsemée de poches tenues par les Harédim, compose l’Etat voulu
par Herzl et Ben Gourion
Il est clair que les revendications sécessionnistes de ces
groupes iront en s’intensifiant avec des conséquences prévisibles. Le Gouvernement
a beau tenter de stabiliser les Bédouins dans le Néguev et de promouvoir des
zones d’implantation juives dans le Galil et le Néguev, à grand coups de
subventions et autres avantages aux Israéliens qui voudraient s’y installer,
cela ne renversera pas la tendance.
Que faire ? Vous avez certainement une idée sur la
question
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