Le journaliste Kobi Meidan interview sur la chaîne culturelle israélienne Amos Oz à propos de son dernier roman « Évangile ou
l’Annonciation selon Judas » (titre officieux). Je vous ai traduit la partie de l’interview sans rapport
avec le livre, qui traite des jeunes Israéliens qui s’expatrient à Berlin. A la question : "comment vivez-vous avec le phénomène
des jeunes israéliens qui partent vivre à Berlin", Amos Oz répond :
"Je suis allé de nombreuses fois en Allemagne où j’ai
d’ailleurs reçu des prix littéraires. Le jour tout va bien mais la nuit, que ce
soit en Allemagne ou en Autriche, je n’arrive pas à dormir, ou alors avec des
somnifères, beaucoup de somnifères. Quand je vois des jeunes quitter Israël je
suis triste car ils ratent un des spectacles les plus formidables qui se déroule
sur la scène mondiale. Ce n’est pas un spectacle facile, les billets coûtent cher, les joueurs sont le plus souvent exaspérants, le public est déchaîné et
la salle est pleine de fumée, quand ce n’est pas de feu. Mais il s’y joue la pièce la plus excitante au monde et pour ma
part, je ne voudrais pas la rater".
"Je suis né sous l’autorité du Roi Georges VI. Tout
ce qui s’est passé ici s’est passé sous mes yeux. Quand j’avais 6 ans les
seules personnes qui parlaient hébreu avaient moins de 40 ans. Les autres
parlaient yiddish, ladino, arabe, russe,
au point que j’étais convaincu que lorsque j’aurais 40 ans, je me réveillerais
un beau matin et je ne parlerai que Yiddish. Un jour mon père m’a dit, d’un ton
prophétique qu’un jour, de mon vivant, pas du sien, il y aura en Israël un
million de personnes parlant hébreu…. Aujourd’hui il y a dix millions d’individus
de par le monde qui parlent hébreu".
"Nous assistons en Israël à une floraison créatrice
extraordinaire : dans la musique, la littérature, l’art plastique, la
linguistique, le High Tech…. Si je mets en parallèle la puissance de création
de la ville de Tel-Aviv avec la littérature rabbinique du Moyen-Age, la balance
penche en faveur de Tel-Aviv. Ce n’est pas une création (Yétsira) parfaite, il
y a les Slams, la pauvreté, les réfugiés noirs, mais c’est une grande création;
et celui qui y renonce (pour partir
vivre ailleurs) perd quelque chose d’important".
"C’est est un pays qui réserve d’énormes surprises. Qui aurait pu imaginer
Sadate faire un discours à la Knesset, Béguin rendre le Sinaï ? Qui aurait pu imaginer que je me rendrais en
Egypte et en Jordanie avec un visa jordanien et égyptien sur mon passeport
israélien ? Je vis dans ce pays depuis 75 ans, tous les personnages qui
figurent sur les billets de banque, je les ai connus personnellement. Combien d’Américains
peuvent en dire autant. Vivre en Israël 75
ans c’est comme vivre aux Etats- Unis 300 ans. J’ai aussi appris qu’au Moyen-Orient
« plus jamais » ou « ça ne peut pas arriver », ont une
durée de vie entre 6 mois et 30 ans. Tout ici est possible, même l’impensable."
Que l’on apprécie ou non les positions politiques d’Amos Oz,
ce texte se passe de commentaire, parce qu’il est vrai. Il y est question de
vitalité, de créativité, de passion et, qu’on le veuille ou pas, de la
centralité et aussi de l’exemplarité d’Israël.
Cette exemplarité, au lieu d’horripiler
l’Occident devrait au contraire l’inspirer et l’inciter à la copier. Je voudrais rapprocher les propos d’Amos Oz d’un
article écrit par Ivan Rioufol qui s’intitule : « Israël, modèle
d’une renaissance nationale » que je vous invite à lire en entier.
"Le déclin de la France exacerbe, chez ses fossoyeurs,
la détestation d’Israël. Cette nation renaissante est également honnie des
désabusés. La gauche xénophile est en première ligne pour accabler l’État
hébreu. Il est vrai qu’il défend tout ce qu’elle-même a renié : la préservation
des racines, la transmission de la mémoire, le culte du héros, la fierté
nationale, la protection des frontières".
"Ce petit pays assiégé se bat pour préserver son
identité retrouvée. Il ose dire : non. Un mot que la France dépressive va
devoir s’approprier pour renaître à son tour ».
"Conjurer la décadence … invite à s’inspirer du modèle israélien. Sa
diabolisation, portée par ceux qui poussent la France à céder la place aux
nouveaux venus, est proportionnelle à sa résistance au politiquement correct et
à son relativisme. Passer quelques jours au cœur de cet Occident enchâssé dans
le Moyen-Orient inflammable suffit pour se convaincre du dynamisme de ce peuple
et de son apparente sérénité".
Pour poursuivre la mise en parallèle entre Israël et les autres
Goyim - lire les autres peuples, je vous cite la position de Rav Cherki que j’ai reprise dans mon article "Les Chrétiens et les Musulmans combattent Israël parce qu’ils veulent être Israël".
Rav Ouri Amos Cherki,
dans un de ses cours pose la question suivante aux élèves: "Combien de personnes au monde
voudraient être Israël ?" ». Les réponses ne le satisfaisant pas il donne
la sienne :
"sur les quelques 7 milliards d’individus que compte la
planète, au moins 3 milliards veulent être "Israël" ; il suffit
d’additionner les Chrétiens et les Musulmans. Les Chrétiens ne commencent-ils pas leur prière du Dimanche
par: "Nous sommes Israël, ton peuple saint". Quant aux Musulmans,
Mohamed ne prétend-il pas s’inscrire dans la lignée des prophètes hébreux ;
Abraham, Moïse, Jésus aussi d’ailleurs, clôturant, selon lui et ses suiveurs,
la lignée prophétique. En fait, la
question de Rav Cherki s’inscrit dans un cadre plus large : pourquoi les
Chrétiens et les Musulmans détestent-ils tant Israël au point de vouloir les
gommer de la carte de l’espace et du temps ? La réponse est simple : ils ne
peuvent être Israël comme ils le désireraient, puisqu’Israël désormais existe".
Il ne s’agit donc pas, ni de se prendre pour Israël, ni de l’imiter,
mais de revenir à ce qui a fait la spécificité de chaque Nation dans ce qu’elle
a eu de positif au cours de son histoire ; à savoir son âme profonde, celle
qui a constitué son génie particulier. Mais cela lui impose de se débarrasser des impuretés,
des klipot comme on dit en hébreu, qui la salissent et dénaturent son
originalité fondamentale. Le génie d’Israël
est de se réinventer sans cesse, sans perdre ni son passé ni son histoire. C’est
en cela que les nations devraient le prendre pour exemple.
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