On évoque constamment le combat qui opposa jadis, et qui
continue à opposer de plus belle, Yaakov, le fondateur de du peuple juif à Esaü
qui renvoie à Chrétienté, puis à l’Occident laïque, et on oublie la lutte interne,
quasiment schizophrénique, entre "Yaakov" et "Israël", l’autre nom de
Jacob.
Rappelons que l’occupation essentielle de Jacob dans sa
jeunesse est de s’asseoir sous la tente, lire, la Yéshiva, pour étudier la Torah
(Ish tam yoshév ohalim) et qu’Esaü est un chasseur intrépide, un homme de la
terre. Mais Yaakov en vérité n’est pas si Tam que ça et a oublié
d’être un un Fraïér, ni simplet ni
naïf et il sait mener sa barque. La suite vous la connaissez il chipe à Esaü
le droit d’aînesse et, avec la complicité de son yiddishe mama Rebbeca, s’empare, par ruse, de la bénédiction paternelle qui aurait dû échoir à son
frère Esaü. Bien évidemment ces ruses comportent des risques et Jacob est
obligé de s’enfuir de devant son frère qui veut lui faire la peau et part se réfugier en houts laarets, en
Diaspora. Ce sera le premier exil du peuple juif qui pour l’heure est
représenté par un seul individu.
Ne croyez pas pour autant que Jacob n’est qu’un étudiant de
Yéshiva freluquet et palot qui n’a jamais fait de sport dans sa vie ; la
meilleure preuve, il parvient tout seul à ôter du puits la pierre énorme qui
le recouvre, alors que d’habitude il faut plusieurs bergers pour y arriver. Peut-être
est-ce grâce à l’accès d’adrénaline que lui procure la vue de Rachel sa
promise. Plus tard, il sera un berger expérimenté et intrépide qui conduira paître des troupeaux immenses. Sa personnalité se forge petit à petit. Il tient
tête à son redoutable beau-père Lavan, il conclue des alliances avec des
puissants, mais il reste Yaakov.
Son destin et sa personnalité basculent lors
de son combat victorieux avec l’ange, d’Esaü disent les commentateurs.
Là il mérite d’endosser le nom d’ "Israël" car il s’est
mesuré avec des hommes et des créatures célestes (certains disent avec Dieu) et
l’a emporté.
La suite de son existence, et la notre, par la même
occasion, puisque nous sommes tous les descendants de Jacob-Israël est une
lutte incessante entre deux aspects d’une même personnalité que certains
pourraient qualifier de schizophrénique. Tantôt le Juif est "Jacob", le frêle,
surtout lorsqu’il habite en Galout et/ou passe son temps dans les Yéshivot,
tantôt il est "Israël" l’intrépide, valeureux soldat de Tsahal.
Autrement dit, le choix délibéré de Jacob, l'ultra harédi, qui consiste à ne pas
servir l’Etat d’Israël est une façon de
figer l’histoire du peuple juif avant le combat avec l’ange qui lui permet de se débarrasser de sa chrysalide. Imaginez quel aurait été le destin du
peuple juif si Jacob avait refusé de livrer ce combat décisif, s’il avait
refusé l’incorporation à Tsahal. Soit il aurait été anéanti par l’ange, ce qui aurait marqué la fin du peuple juif,
soit il serait retourné chez Lavan pour une Galout éternelle.
La même histoire se répété au fil des millénaires et atteint
son paroxysme aujourd’hui dans l’Etat d’Israël luttant constamment pour sa
survie, face à Ismaël et à Esaü. Les ultra-religieux israéliens, dans leur
immense majorité, ont choisi leur camp et leur patronyme : ils veulent être
"Jacob", passant son temps sous la tente à étudier la Torah, ou à
faire semblant de l’étudier, et, surtout, être dégagés des contraintes sécuritaires/militaires,
laissant à "Israël" le soin de servir au moins trois ans dans
Tsahal, et d’y laisser leur vie, si besoin est.
Un léger espoir que les choses évoluent se
dessina lors de la Knesset précédente : les religieux devaient de se
présenter à l’incorporation, et de sanctions tombaient s’ils refusaient de s’y
rendre. La nouvelle Knesset menée par le bout du nez par les Partis religieux
ashkénaze et séfarade, a aboli cette obligation; les jeunes Harédim n’auront
plus à se présenter et seront par conséquent dispensés de service militaire jusqu’à la
Saint-Glinglin.
En clair, les Harédim réécrivent la Torah : Jacob ne
quittera pas sa tente, il restera étudier à Béer-Shava, Bnei Brak ou ailleurs. Esaü bénéficiera de la
bénédiction pleine et entière de son père Isaak, Jacob ne récoltant, au
mieux, que des miettes, il n’ira pas à Haran épouser Rachel, il ne luttera
contre aucun ange et, le destin du peuple d’Israël ne s’accomplira jamais. Jacob
refuse de se comporter en être en devenir et la terre promise à Abraham à ses
descendants, appartiendra pour l’éternité aux Cananéens Philistins Ismaélites,
et autres farceurs.
Ce combat titanesque ne jouit pas des unes de l’actualité, comme l’est celui qui oppose Ismaël à Esaü, lire : les Mahométans de Daesh
et consorts à l’Occident, il n’en est pas moins crucial et pas seulement pour le peuple juif. Pourquoi ? La
réponse B.H dans un article suivant.