Une série d’émissions sur l’Allyah des Français
défraie les média et fait causer dans les chaumières d’Israël et, pratiquement pas, de
Navarre. Elle s’intitule les Tsarfocaïm, הצרפוקאים soit les Franco-Marocains ou les
Marocains français, au choix.
En gros, on ne dit pas trop de bien de cette
Allyah atypique perçue, faussement, par les Israéliens comme une Allyah de riches, et on prévoie en Israël des lendemains qui
déchantent pour ces Olim qui ne savent pas s’adapter à la réalité israélienne
et qui par conséquent en souffriront.
Les Juifs français qui arrivent exaspèrent
l’Israélien lambda: ils sont trop orientaux, font monter artificiellement les
prix des appartements, se plaignent à tout va de la société israélienne qui ne
les comprend pas et ne l’assiste pas, sont religieux, bruyants, mal élevés, votent
à droite et s’adaptent mal, même après une génération. Cette vision n’engage que les auteurs de ces
émissions. Elle n'est pas totalement inexacte mais elle est incomplète.
Les Juifs français si prompts à
s’enflammer pour un oui et pour un non sur Facebook et dans les feuilles de
choux en français qui fleurissent en Israël, surtout lorsqu'il s’agit de dénoncer l’antisémitisme, réel ou imaginaire qui sévit en France, ne parlent
pratiquement pas de ces émissions, qui les concernent pourtant au premier chef.
Comment cela se fait-ce ?
La réponse coule de source : ils ne les ont pas
regardées, n’ont pas lu les critiques dans les média israéliens, ou alors, par
le biais de quelque francophone hébraïsant qui en a entendu parler d’un autre
francophone. C’est un peu normal: l’écrasante majorité des Juifs français
d’Allya récente, soit, n’ont pas de Télé, - le rabbin l’a interdit - soit, ne
regardent que les chaines françaises. Alors, une série d’émissions sur eux à la télé israélienne, vous pensez bien ça passe
en haute altitude.
Ma première
réaction face à ce constat est une certaine tristesse. Je ne
peux m’empêcher de penser à ma première Allya, celle de Roumanie, qui vit
déferler en Israël des Juifs européens, ashkénazim et sefaradim. Sefaradim
d’Europe-Centrale s’entend, à ne pas confondre avec les ressortissants de première
ou deuxième génération d’Afrique du Nord. L’Allyah roumaine n’a même pas mis
une génération pour s’intégrer dans le moule israélien et y apposer sa marque.
Et pourtant elle fut confrontée à la génération des fondateurs de l’Etat
d’origine polonaise et russe qui ne l’appréciait pas trop. Je pense aussi à l’Allyah russe qui a
reformaté la société israélienne ; du moins à la seconde génération, et,
ne peux m’empêcher de déplorer l’intégration laborieuse des Juifs français,
voire leur non intégration. Bien sûr, ce constat comporte un bémol : les
jeunes juifs français qui débarquent en Israël, études supérieures acquises en
France ou ailleurs, qui fournissent l’effort nécessaire, et sont en général
récompensés par un klita réussie.
Les raisons maintenant: d’abord une certaine paresse intellectuelle qui se traduit par des efforts minimum, ou
inexistants pour entrer dans la langue hébraïque et la culture israélienne sous
toutes ses formes. Bien sûr, le confort en prendrait un coup. Cesser de
regarder les chaines de télévision débilitantes en français pour passer, ne
serait-ce que progressivement , aux chaines israéliennes, d’information, de
divertissement ou de culture, demande des efforts, perçus comme des sacrifices. Sacrifices mineurs à mon sens
compte tenu des bénéfices escomptés.
Cette paresse résulte d'une défiance vis-à-vis de la culture
ambiante israélienne à travers des facettes mal comprises ou carrément
déformées par des à priori acquis en Galout et, dont sont largement responsables
les dirigeants communautaires, à commencer par les rabbins.
Si les rabbins de diaspora insistaient sur
l’importance vitale d’apprendre l’hébreu, de comprendre les Textes, non pas à
travers des traductions ou de Drachot lénifiantes en français, si les rabbins
de diaspora insistaient sur la centralité d’Erets Israël dans la vie de chaque
juif, les Juifs français seraient enclins à changer leur regard et regarder
Israël à travers un prisme positif et non déformant. Si les rabbins de diaspora
parlaient d’avantage de Yérushalaïm chél Mata (Jérusalem d’en bas), de Sion et
du Tanakh et un peu moins de Cacherout (qui cache la route, comme avait coutume
de dire Manitou, zaL) la motivation des Tsarfocaïm serait toute autre. Mais ce n'est pas le cas; il n'est pas nécessaire d'en chercher les raisons.
Alors si vous voulez savoir ce que l'on pense de vous en Israël, rendez vous sur Youtube :
https://www.youtube.com/watch?v=DquN31ohuKo
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