samedi 6 janvier 2018

הצרפוקאים Les Tsarfokaïm ou les Franco-marocains


Une série d’émissions sur l’Allyah des Français défraie les média et fait causer dans les chaumières d’Israël et, pratiquement pas, de Navarre. Elle s’intitule les Tsarfocaïmהצרפוקאים soit les Franco-Marocains ou les Marocains français, au choix. 

En gros, on ne dit pas trop de bien de cette Allyah atypique perçue, faussement, par les Israéliens comme une Allyah  de riches, et on prévoie en Israël  des lendemains qui déchantent pour ces Olim qui ne savent pas s’adapter à la réalité israélienne et qui par conséquent en souffriront. 

Les Juifs français qui arrivent exaspèrent l’Israélien lambda: ils sont trop orientaux, font monter artificiellement les prix des appartements, se plaignent à tout va de la société israélienne qui ne les comprend pas et ne l’assiste pas, sont religieux, bruyants, mal élevés, votent à droite et s’adaptent mal, même après une génération. Cette vision n’engage que les auteurs de ces émissions. Elle n'est pas totalement inexacte mais elle est incomplète.

Les Juifs français si prompts à s’enflammer pour un oui et pour un non sur Facebook et dans les feuilles de choux en français qui fleurissent en Israël, surtout lorsqu'il s’agit de dénoncer l’antisémitisme, réel ou imaginaire qui sévit en France, ne parlent pratiquement pas de ces émissions, qui les concernent pourtant au premier chef. Comment cela se fait-ce ?

La réponse coule de source : ils ne les ont pas regardées, n’ont pas lu les critiques dans les média israéliens, ou alors, par le biais de quelque francophone hébraïsant qui en a entendu parler d’un autre francophone. C’est un peu normal: l’écrasante majorité des Juifs français d’Allya récente, soit, n’ont pas de Télé, - le rabbin l’a interdit - soit, ne regardent que les chaines françaises. Alors, une série d’émissions sur eux à la télé israélienne, vous pensez bien ça passe en haute altitude.

 Ma première réaction face à ce constat est une certaine tristesse. Je ne peux m’empêcher de penser à ma première Allya, celle de Roumanie, qui vit déferler en Israël des Juifs européens, ashkénazim et sefaradim. Sefaradim d’Europe-Centrale s’entend, à ne pas confondre avec les ressortissants de première ou deuxième génération d’Afrique du Nord. L’Allyah roumaine n’a même pas mis une génération pour s’intégrer dans le moule israélien et y apposer sa marque. Et pourtant elle fut confrontée à la génération des fondateurs de l’Etat d’origine polonaise et russe qui ne l’appréciait pas trop.  Je pense aussi à l’Allyah russe qui a reformaté la société israélienne ; du moins à la seconde génération, et, ne peux m’empêcher de déplorer l’intégration laborieuse des Juifs français, voire leur non intégration. Bien sûr, ce constat comporte un bémol : les jeunes juifs français qui débarquent en Israël, études supérieures acquises en France ou ailleurs, qui fournissent l’effort nécessaire, et sont en général récompensés par un klita réussie. 

Les raisons maintenant: d’abord une certaine paresse intellectuelle  qui se traduit par des efforts minimum, ou inexistants pour entrer dans la langue hébraïque et la culture israélienne sous toutes ses formes. Bien sûr, le confort en prendrait un coup. Cesser de regarder les chaines de télévision débilitantes en français pour passer, ne serait-ce que progressivement , aux chaines israéliennes, d’information, de divertissement ou de culture, demande des efforts, perçus comme des sacrifices. Sacrifices mineurs à mon sens compte tenu des bénéfices escomptés. 

Cette paresse résulte d'une défiance vis-à-vis de la culture ambiante israélienne à travers des facettes mal comprises ou carrément déformées par des à priori acquis en Galout et, dont sont largement responsables les dirigeants communautaires, à commencer par les rabbins.


Si les rabbins de diaspora insistaient sur l’importance vitale d’apprendre l’hébreu, de comprendre les Textes, non pas à travers des traductions ou de Drachot lénifiantes en français, si les rabbins de diaspora insistaient sur la centralité d’Erets Israël dans la vie de chaque juif, les Juifs français seraient enclins à changer leur regard et regarder Israël à travers un prisme positif et non déformant. Si les rabbins de diaspora parlaient d’avantage de Yérushalaïm chél Mata (Jérusalem d’en bas), de Sion et du Tanakh et un peu moins de Cacherout (qui cache la route, comme avait coutume de dire Manitou, zaL) la motivation des Tsarfocaïm serait toute autre. Mais ce n'est pas le cas; il n'est pas nécessaire d'en chercher les raisons.

Alors si vous voulez savoir ce que l'on pense de vous en Israël, rendez vous sur Youtube :

https://www.youtube.com/watch?v=DquN31ohuKo



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